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« Un jour, un jour cest sûr
Reviendra le jour pur
Limmense jour davant le Temps
Le couple moribond
Se lèvera dun bond
Armé damour jusquaux dents » (Armé damour, 1971, album « Sur âme »
Chers Amis
En ce début dune année nouvelle, je voudrais dabord, avec Hélène et tous les responsables de notre belle Association, vous présenter nos meilleurs vux.
Nous espérons quune fois de plus Claude aura été visionnaire et que, après cette sombre période de crise sanitaire et économique suivie dune guerre sur le sol européen, 2023 verra les hommes « armés damour jusquaux dents » retrouver la raison et la paix.
Nous souhaitons avant tout que vous puissiez rester en bonne forme et, quoi quil arrive, garder « lespérance en lhomme »
Si lannée 2022 nous a apporté de multiples événements autour de Claude (à Toulouse, à Paris, sur lÎle de Ré, à Bergerac et dans toute la France), je crois quà cet égard 2023 a commencé très fort.
Dabord, à la télévision, France 3 a eu lexcellente initiative de rediffuser le téléfilm « Meurtres à Toulouse » le 31 décembre à 21 h 10. Ces meurtres ont un lien avec les paroles dune chanson de Claude. Je vous laisse deviner laquelle.
Si vous navez jamais vu ce téléfilm, vous disposez encore de quelques jours pour le visionner.
Jen profite pour remercier Annick, notre « indic hâtif », présent comme toujours là où il est question de Claude, davoir attiré mon attention sur cette rediffusion.
La nuit du Réveillon, cest sur France Culture quil fallait se brancher pour écouter 7 heures démissions consacrées à Claude.
Lessentiel de cette séquence, « Armé damour », dune durée de six heures, avait été diffusé pour la première fois le 1er janvier 1990.
La première question que je me suis posée a été : comment ai-je pu en 1990 passer à côté dun tel événement ? La seule réponse que jaie trouvée est quà lépoque, il ny avait pas dAssociation Nougaro pour échanger les bonnes infos.
Je vous avouerai que je nai pas tout entendu en direct mais je vous indiquerai à la fin de ce message comment (ré)écouter ces trésors empruntés aux archives de lI N A.
La durée exceptionnelle de cette émission permet à Claude de sexprimer librement et sereinement sur les sujets qui lui sont suggérés. En 1990, Claude termine sa « période américaine ». Le « has been » quil prétendait être a effectué un formidable « come back » grâce à ses deux albums américains : « Nougayork » en 1987 et « Pacifique » en 1988. Cette même année, Claude sest produit près de deux semaines au Zénith de Paris, ce qui donnera naissance au live « Zénith made in Nougaro » paru lannée suivante.
Je ne puis pour linstant tout vous résumer, la matière est trop riche, mais vous me ferez peut-être part vous aussi de vos impressions.
Personnellement, jai été très ému dentendre Claude réciter impeccablement un poème dAudiberti ainsi que le texte Tolosa carnaval quil avait interprété en mars 1987 sur le toit du Capitole de Toulouse. Il y a les témoignages précieux de certains musiciens, à commencer par Maurice Vander avec qui Claude reconnaît quil avait une relation fusionnelle, comme au sein dun couple, ce qui devait inévitablement provoquer une brouille terrible qui durera quatre ans mais ils se réconcilieront pour entreprendre la tournée triomphale du « Nougaro Trio » avec Pierre Michelot à la basse et Bernard Lubat à la batterie, parfois remplacé par Francis Lassus que lon entend aussi dans cette émission.
Richard Galliano évoque lui aussi ses débuts chez Claude. Il avait été recommandé à Claude par son batteur dalors, Charles Bellonzi, niçois tout comme Richard et avait la lourde tâche de succéder à Eddy Louiss parti vers dautres aventures. Cest pourquoi, au début, il jouait dun accordéon électronique qui nétait pas sans rappeler les sonorités de lorgue dEddy. La première composition de Richard pour Claude a été « Des voiliers » et Claude nous révèle quune phrase de son texte : « De lair, de lair, de lair » a en fait été prononcée par Eddy Louiss le jour où Claude lui a présenté Martine qui allait devenir sa femme.
Il est très émouvant aussi dentendre le père de Claude, Pierre Nougaro, dont Claude avait appris le décès lorsquil était en train denregistrer son album « Pacifique », ce qui fait que la chanson Toi là haut dédiée à son père figurera sur cet album.
Christian Laborde nous confirme limportance qua revêtue pour Claude la figure du père. Il raconte aussi la joie un peu maligne que ressentait le jeune Claude lorsquil voyait son père mourir sur scène quand il allait le voir au Capitole.
Je nen dis pas plus, vous vous ferez votre jugement par vous-mêmes :
Armé d'amour, une nuit avec Claude Nougaro (radiofrance.fr)
La dernière heure de cette « nuit avec Claude Nougaro » est la rediffusion dune série de cinq questions qui ont été posées à Claude en janvier 1963 sur les ondes de la radio qui sappelait alors « Paris Inter » par la romancière et productrice Florence Aboulker. La date est très importante car Claude venait daccéder à la notoriété nationale suite à la parution chez Philips de ce que lon peut considérer comme son véritable premier album (lalbum paru en 1959 chez Président navait connu quun succès destime).
Cest grâce à linsistance de Michel Legrand (que lon entend aussi bien sûr dans la première partie de lémission) que Claude avait pu signer chez Philips. Cest le grand Michel qui a composé la plupart des pépites de cet album : Le cinéma, Les Don Juan, Ouh !, La chanson, Le paradis, Le rouge et le noir, Tout feu, tout femme
La musique des deux autres titres Une petite fille et le jazz et la java est signée Jacques Datin mais, pour cette dernière composition, il faut émettre une restriction : elle est fortement inspirée du thème de Dave Brubeck Three to get ready.
La série des « questions à Claude Nougaro » sachève avec les vux de Florence Aboulker mais hélas ceux-ci ne seront pas exaucés car quelques mois plus tard Claude sera victime dun terrible accident de la route qui limmobilisera plusieurs mois. Ce nest quen novembre 63 quil reviendra à lOlympia où il montera sur scène avec ses béquilles pour interpréter entre autres « Pauvre Nougaro ».
Voici les 5 liens qui vous permettront découter cette série de brefs entretiens :
Claude Nougaro : "Je suis un romantique" (radiofrance.fr)
Claude Nougaro : "Il me semblait avoir une vocation d'écrivain, de poète" (radiofrance.fr)
Claude Nougaro en 1963 sur ses débuts dans la chanson : "L'été dernier, je me suis dis, il faut y aller" (radiofrance.fr)
Claude Nougaro : "La réussite, c'est une question de morale" (radiofrance.fr)
Claude Nougaro : "Il me manque toutes les qualités d'harmonie en soi-même" (radiofrance.fr)
Pour ne pas faillir aux traditions, nous terminerons par la rubrique « la question du mois ».
Bravo à ceux qui ont trouvé la réponse à la dernière question.
La phrase :
« Une chanson à linfini
Dun souffle neuf brisant ces noces »
est tirée du très beau texte Le chant du désert que Claude a écrit sur une musique sublime dEddy Louiss. Cette chanson figure sur lalbum « Femmes et famines » paru en 1976.
Comme vous êtes peut-être (comme moi) un peu fatigués suite à cette nuit de réveillon en compagnie de Claude, je vous propose ce mois-ci une question plus simple.
Comme vous le savez, Claude a été un grand amoureux devant lEternel. Il nest donc pas étonnant que ses textes évoquent dautres grands amoureux.
Pourriez-vous citer trois chansons où apparaît le personnage de Roméo ?
En attendant de vos nouvelles, je vous souhaite le meilleur pour cette année qui commence.
Raymond Lernould