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« Quand le jour se lève sur Sing Sing
Et qucest le dimanche quon attend
On va voir lorchestre de Sing Sing ,
Il faut dire quil swingue méchamment
Le dernier batteur avait le rythme dans lsang,
Sur la chaise, il fit trois ptits sauts
» (Sing Sing song, 1965)
Chers Amis
Je crois bien que le mois dernier nous avons été les premiers à rendre hommage à Nicole Croisille.
En effet, je vous avais incités à visionner le documentaire de Jean-Christophe Averty « Une histoire du Jazz français- 3éme époque » (je remercie encore bien sincèrement lami Philippe pour me lavoir fait connaître), en vous recommandant particulièrement la séquence où lon voit Claude interpréter Sing Sing Song avec Nicole Croisille.
A peine vous avais-je envoyé ce message que jai appris à la radio que Nicole venait de nous quitter et je pense quon ne saurait mieux évoquer sa mémoire quen lécoutant avec Claude pour qui elle a toujours éprouvé une amitié sincère et profonde.
Ils se sont rencontrés au début des années soixante, plus précisément en 1961, alors que Nicole connaissait déjà une certaine notoriété comme chanteuse mais aussi comme danseuse. Claude était alors connu surtout comme parolier, notamment pour Marcel Amont et Jean Constantin. C est Claude qui a écrit pour celui-ci Les pantoufles à Papa qui sera un véritable « tube » au début des années 60, repris notamment par un orchestre en vogue à cette époque, celui de Jacques Hélian.
Claude avait promis à Nicole de lui écrire toutes les chansons de son prochain album, mais il ne pourra pas tenir cette promesse car, grâce à Michel Legrand, sa propre carrière de chanteur va décoller magistralement en 1962.
Nicole continue de sintéresser au jazz et en 1963 elle se produit au Festival dAntibes Juan Les-Pins, accompagnée par le génial Eddy Louiss en personne et par le batteur Philippe Combelle qui sera lun des 3 batteurs qui se relaieront au sein du fameux Nougaro Trio, les 2 autres étant Bernard Lubat et Francis Lassus.
De retour dun séjour aux Etats-Unis, elle apporte à Claude un album dOscar Brown Junior qui vient denregistrer sa version du thème de Nat Adderley Work song dont il a écrit lui-même les paroles.
Claude en fera une adaptation française en transposant laction dans la prison de Sing Sing.
Ce nest quen 2006 que Nicole Croisille en enregistrera sa propre version (associée à Armstrong) sur lalbum « Nougaro, le jazz et moi ».
Cet album est (avec celui de Michel Legrand) un des meilleurs hommages à Claude, même si lon peut être un peu gêné par la féminisation de certaines paroles. Vocalement en tout cas, cest impeccable.
Sur son album de 1997 « Une femme » elle reprenait déjà trois titres de Claude : A bout de souffle, Les mains dune femme dans la farine et Il faut tourner la page.
Sur cet album elle enregistre aussi La Garonne (une chanson de Pierre Grosz et Jean-Pierre Goussaud) qui lui vaudra dêtre considérée comme Toulousaine dadoption et de participer au premier Festival Garonne (il existe toujours mais sappelle maintenant Rio Loco) initié par Claude, aux côtés de « vrais » toulousains tels que Jean-Pierre Mader, Art Mengo ou Pauline Ester.
Je pense que la phrase « Il faut dire quil swingue méchamment » sapplique parfaitement à Claude lui-même et Claude continue de swinguer grâce à vous tous qui écoutez ses chansons et les faites connaître, notamment en les interprétant. Soyez en remerciés.
Je remercie aussi nos amies Annick, Francine et Josette qui, chacune de leur côté , mont indiqué que la chanson de Claude interprétée dans le film « Partir un jour » est Cécile, ma fille. Si la chanson rallie tous les suffrages, cela ne semble pas être le cas du film par lui-même.
Le mois dernier, je vous avais parlé dEddy Louiss qui a accompagné Claude pendant une quinzaine dannées.
Il se trouve que, sur Tsf Jazz, David Koperhant a eu lheureuse initiative de consacrer une série de son émission matinale « Pour qui sonne le jazz » à Eddy Louiss, logre de lorgue Hammond. Cest tout un programme qui reconstitue lessentiel du parcours dEddy.
Eddy Louiss, l'ogre de l'orgue Hammond, première partie | TSF Jazz
Cette série est encore en cours, je pense que vous pourrez facilement trouver la suite
Je vous avais aussi annoncé le spectacle de Jacques Raulet « Nougaro, ses démons et ses anges » présenté le 11 juin à Cassagnes (Pyrénées-Orientales).
Jacques a eu la gentillesse de me faire parvenir quelques extraits, à partager avec vous tous ;
JE SUIS SOUS (C. Nougaro / J. Datin)
Vie violence (C. Nougaro / R. Galliano)
TOULOUSE (C. Nougaro / C. Nougaro et C. Chevallier)
Cassagnes nest quà une trentaine de minutes dun endroit qui vous est certainement familier : Paziols, petite commune de lAude où Claude et Hélène avaient acheté une petite maison qui appartient toujours à notre chère Présidente.
Il nest pas surprenant que Paziols rende hommage à Claude cet été - du 1er juillet au 31 août -avec une exposition photographique « Sur les traces de Claude Nougaro » réalisée par notre ami Luc Douche qui, je vous le rappelle, avait eu le privilège de suivre pendant toute une année le Nougaro Trio.
Le vernissage de cette exposition aura lieu le 20 juillet à 20 h. Vous en trouverez en annexe laffiche que Luc mautorise à partager avec vous.
Dans le cadre du Festival Déc OUVRIR, Yvan Cujious et Louis Winsberg présenteront leur hommage à Claude « Une voix, six cordes » le mardi 12 août à 20 h 30 dans la Salle Polyvalente de CONCEZE (près de Brive-La-Gaillarde en Corrèze).
Ce ne sont sans doute que quelques uns des hommages qui seront rendus à Claude cet été.
Nhésitez pas à nous informer si vous en connaissez dautres ou si vous en organisez vous-mêmes.
Nous pouvons en venir à notre rubrique « la question du mois ».
Le mois dernier, je vous avais demandé dans quelles chansons de Claude on rencontre un chapeau .
Je lavoue, au départ, je ne pensais pas quil y en aurait autant .
La première figure sur le premier album de Claude paru en 1959 chez Président, mais Claude la reprendra en 1985. Cest Le piano de mauvaise vie :
« Mais soudain tout se mélange
Lparadis, lenfer les bastringues et les salons
Mozart joue du jazz coiffé dun chapeau melon
»
Merci, André, de my avoir fait penser.
La deuxième en date est Léglise (1963) :
« Holà mon pote, sors de léglise
Tout ça mon pote cest des bêtises
Sors de la chapelle et remets ton chapeau, ton chapeau
»
En 1965, dans Lamour sorcier, Claude écrit :
« Gué gué gué
La terre cest mes souliers
Gué gué gué
Le ciel mon chapeau
»
Dans La pluie fait des claquettes (1968)il sagit dun chapeau-claque :
« Je suis son chapeau claque,
Son queue-de-pie vertical
»
Dans Bleu Blanc Blues (1985), le chapeau sert à exprimer son admiration :
« En espérant quil flotte si haut
Que le ciel me dise « Chapeau !
Vive ton Bleu Blanc Blues
»
Cest le cas aussi dans Chiffre deux, nombre dor (2000) :
« Chapeau, sans faire ni une ni deux
Nous formons un numéro fameux
»
Dans une de ses dernières chansons, Claude rend hommage à un des maîtres du jazz : Herbie Hancock (2004) :
« Chapeau, maître Herbie, maître Herbie Hancock
»
Claude a écrit cette chanson en reprenant la musique dun des plus grands thèmes de « Maïtre Herbie » : Cantaloupe Island.
Dans Façon Chaplin (1993), le chapeau est un accessoire vestimentaire indispensable pour évoquer le célèbre « vagabond. » :
« Et moi qui nai pas de badine
De chapeau mlon
Façon Chaplin
Jaimerais partir avec toi
»
Il en est de même dans lIrlandaise (du même album de 1993) , quand Claude se compare à Robin des Bois :
« Sous tes tours je viens faire un tour
Jai mis la plume à mon chapeau
Robin des Bois à Roncevaux
»
Pour la question de ce mois-ci, nous allons revenir à Sing Sing song car
« Il paraît que cest chouette davoir vingt ans,
Oui, mais pas derrière des barreaux
»
Jaimerais que vous me trouviez dautres chansons écrites par Claude où il est aussi question de barreaux.
En attendant de vous lire, je vous adresse toutes mes amitiés. Prenez bien soin de vous.
Raymond Lernould